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Un trio de cultures gagnant Un trio de cultures gagnant

Théophile Pelé réussit à se dégager un revenu depuis quatre ans. Cette année sera plus difficile. Heureusement, les betteraves et l’orge de printemps complètent le blé améliorant.

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A côté de la cour de la ferme, les engins s’entassent. Théophile Pelé répare une vieille moissonneuse-batteuse de 27 ans. Il aime bricoler. « Mon père m’a toujours dit que pour gagner de l’argent, il ne fallait pas en dépenser ! » Le jeune agriculteur de 30 ans a repris la ferme familiale, il y a cinq ans. Petit, il rêvait d’être pilote. Mais peu à peu, il s’est rapproché du domaine agricole.

Le déclic s’est produit lors d’un stage chez un éleveur. « Mon tuteur m’a dit que j’avais de la chance de pouvoir reprendre la ferme de mes parents, en pleine Beauce. J’ai réalisé à quel point j’étais heureux dans cette maison, au milieu des champs, à une heure de la tour Eiffel ! » Théophile opte pour un BPREA production végétale en deux ans, afin de travailler à mi-temps, et effectue un stage au Québec. Dès son retour, il s’installe à Gommerville, en Eure-et-Loir. Son exploitation compte 99 ha, mais il s’occupe de 200 ha, l’autre moitié de la ferme appartenant à son oncle, peu présent. Cette situation permet de mutualiser le matériel et un salarié.

Privilégier des cultures de printemps

Sur son exploitation aux sols argilo-calcaires, Théophile cultive du blé améliorant, de l’orge brassicole et des betteraves, trois cultures réparties de façon égalitaire. Toutes les terres sont irriguées depuis 1963. « Avec deux tiers des surfaces de printemps, je n’ai pas de problème de désherbage. Je me contente d’un désherbage de printemps sur le blé, alors que dans notre secteur, les ray-grass et les vulpins se développent. J’ai quelques soucis de rhizoctone violet sur les betteraves car nous en faisons depuis plus de quatre-vingts ans. Mais les rendements, autour de 90 t/ha, restent corrects. » De plus, pour désherber les betteraves, Théophile commence par trois passages en chimique, puis deux à trois passages de bineuse. Pour cette année, avec dix jours de retard, le jeune agriculteur prévoit des rendements autour de 75 t/ha.

Théophile commercialise son blé améliorant avec la coopérative de Boisseaux (Loiret), via des contrats avec McDonald’s, ou avec la société J.-C. Coisnon, un négoce. Cette année, compte tenu des rendements, il aura du mal à honorer ses contrats. En orge de printemps, la situation est meilleure (lire encadré ci-dessous). Pour déclencher ses ventes, Théophile a les yeux rivés un peu sur les cours des céréales, mais surtout sur son plan de développement économique (PDE) réalisé lors de son installation en 2010. « J’avais calculé un seuil de rentabilité de l’orge de printemps à 80 q/ha, vendue 80 €/t. Cette année, le prix a atteint le double : 170 €/ha. J’ai donc décidé d’en vendre la moitié avant la moisson. Même si le rendement est moindre, je sécurise mon revenu. En plus, je n’ai pas eu besoin d’irriguer, ce qui a baissé le coût de production de 130 €/ha. »

Mutualiser le matériel

Pour le matériel, l’exploitation disposait de tous les engins nécessaires avant la reprise. Les investissements ont été très limités. « Je n’ai jamais eu de grosse panne, je suis chanceux ! », ajoute le jeune homme. La chance, Théophile Pelé sait la provoquer. Deux ans après son installation, son voisin vend son automotrice. Théophile lui propose de travailler ensemble pour la récolte des betteraves, et ils développent de la prestation de service. « Pour ce genre d’engin, investir à plusieurs est vraiment intéressant. Je voudrais relancer une Cuma dans le secteur pour les engins qui ne sont pas productifs, comme une balayeuse pour les betteraves », souligne Théophile. En revanche, pour les chantiers comme les semis ou la moisson, le céréalier préfère rester autonome. En pleine année noire pour les céréales, il a acheté une nouvelle moissonneuse-batteuse. « Je ne raisonne pas à l’année, mais sur dix ans. La mienne, qui a 27 ans, risquait de me lâcher rapidement. »

Depuis quatre ans, Théophile a toujours réussi à se dégager un revenu. « Les prix de marché sont montés quand je m’installais. Avec deux bonnes années et les aides à l’installation, j’ai pu constituer ma trésorerie. » Cette année, Théophile a calculé que son chiffre d’affaires baissera d’environ 50 000 € par rapport à 2015. Il a d’ores et déjà prévu de faire l’impasse sur l’engrais de fond, soit une économie de 11 000 €.

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